Aller au contenu principal

Les arts de la rue en première ligne face aux dérives sécuritaires

Les manifestations dans l’espace public et particulièrement les spectacles d’arts de la rue font face au renforcement de mesures sécuritaires depuis plusieurs années.

Au festival Chalon dans la rue ont ainsi été décidés la fermeture anticipée des lieux de convivialité (2h du matin au lieu de 3h), l’annulation de représentations, la sécurisation des spectacles à très grande jauge et le renforcement des patrouilles chargées de la sécurité dans les rues.

Le 6 avril 2019, à Caen, des artistes-musiciens de rue du « Chœur de l’art mais rouge » et des spectateur.rices ont fait l’objet d’une verbalisation pour avoir joué et écouté de la musique dans une zone de la ville interdite à la manifestation. Ce jour-là, un arrêté avait été pris par le Préfet à la demande du Maire de la ville, Monsieur Joël Bruneau, spécifiant que « Toute manifestation ou rassemblement en cours ou susceptible de se dérouler (…) est interdit le samedi 6 avril 2019 de 9h00 à 23h00, à l’intérieur du périmètre du centre-ville de Caen (…) ». Les musiciens, actifs depuis plusieurs semaines en soutien pacifique du mouvement des gilets jaunes, défendent un discours politique et poétique. Ce samedi, c’est bien en artistes-musiciens qu’ils sont sortis s’exprimer dans la rue. La verbalisation dont ils ont été victimes, ainsi que le public qui les écoutait et les regardait, représente une grave entrave à la liberté d’expression artistique dans l’espace public.

Le 18 mai 2019, à la Rochelle, c’était au tour de « Gibé QB » d’être entendu par la police juste avant de monter sur scène. Auditionné pendant près de 3h, le comédien n’a pas pu assurer la représentation de son spectacle, alors qu’un public nombreux l’attendait déjà, au motif qu’il utilise un pistolet de théâtre chargé à blanc. L’arme de catégorie D (même classement qu’un canif), a pourtant été utilisée pour plus de 200 représentations sans que cela trouble les forces de l’ordre. Encore une fois, au-delà de l’entrave à la liberté de travailler, c’est la liberté de création qui est bafouée.

Ces quelques exemples montrent à quel point le tout-sécuritaire menace nos libertés : d'expression, de création, d'occupation de l'espace public.

La Fédération Nationale des Arts de la Rue se tiendra toujours aux côtés de ceux qui défendent la création artistique en espace public. La liberté d’expression est une valeur publique universelle et fondamentale, elle doit être et rester un repère déterminant de la République.

En France et partout ailleurs, l’art est public : il doit continuer à s’épanouir en rue libre.